La révocation de l’édit de Nantes le 18 octobre 1685 poussa à l’exil non seulement 250 000 huguenots mais priva également le Royaume de France de l’énergie et des capitaux des protestants. Pourtant, le roi Louis XIV ne s’en émouvait guère. En effet, notre Roi Soleil souffre d’une fistule anale, et non d’une tumeur de la cuisse comme l’évoquaient pudiquement ses médecins. Occasionnée par une grande pratique du cheval, une consommation exagérée de ragoûts bien gras et l’utilisation abusive des lavements, cette fistule résiste aux traitements locaux tels des emplâtres à base de térébenthine ou de grenades bouillies.

Il faudra l’intervention du chirurgien royal  Charles-François Félix de Tassy qui dira : « Sire je m'inquiète un peu, car l'opération que je vais devoir faire est cruciale. » Alors Louis XIV répondit : « Entraînez-vous Félix.
Toutes mes galères et toutes mes prisons vous sont ouvertes. » Alors Félix s'entraîne sur les pauvres mendiants de l’hospice de la Charité à Versailles et beaucoup meurent de ces expérimentations. Pour l'occasion, le chirurgien conçoit un instrument particulier, le « bistouri recourbé à la royale ».
Le 18 novembre 1686, à 7 h du matin, La Grande Opération a lieu au château de Versailles. Sans anesthésie. Pendant trois heures, le roi est allongé, nu, sur son traversin, l’anus écarté par un spéculum d’argent et les jambes tenues. Une incision est pratiquée pour agrandir la fistule et enlever les callosités à coups de ciseaux. Puis il est appliqué un onguent à base d’huile et de jaune d’oeuf. L’opération est un succès même si une récidive menace quelques jours plus tard.
On fête ça à grands coups de célébrations religieuses, notamment avec un morceau de musique... un hymne appelé Dieu sauve le roi. Cette musique écrite par Lully arrivera aux oreilles de Haendel, alors compositeur officiel
de George Ier. Il adapte le texte en anglais et le soumet au roi d’Angleterre. Énorme succès. L'hymne s'imposera au fil du temps comme l'hymne national de la perfide Albion. « Que l’hymne anglais naquît d’un anus, voilà qui ne cesse de me faire rire sans toutefois me surprendre. »,  dira la marquise Crécy. Mais ça, c’est une autre histoire.

“Que l’hymne anglais naquît d’un anus, voilà qui ne cesse de me faire rire sans toutefois me surprendre.”

Andrei VIAL