Coronavirus : la vraie vie du médecin généraliste, toujours au boulot même si le gouvernement et les ARS l'ignorent

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Actualités

Vous trouverez sur cette page des témoignages de notre quotidien en temps d'épidémie.

Pensez à cliquer sur le titre en rouge pour "replier" les articles.

Sans moyens, sans protections, les médecins généralistes assurent toujours en première ligne.

Contre l'épidémie bien sûr en s'organisant, répondant au téléphone, organisant des tournées "COVID" ou des centres d'accueil.

Mais aussi et surtout en assurant la continuité des soins de leurs patients chroniques et la réponse aux angoisses de tous.

Ce travail fait en amont de l'hôpital, mais aussi en aval, en récupérant les sorties est esentiel pour la santé publique.

Nous allons essayer de faire un fil de ce travail quotidien, fait dans des conditions extrêmement difficiles, qui témoigne de la grandeur de notre métier et du caractère indispensable de nos missions.

open="false" title=" Une généraliste de Pantin témoigne : des patients arrivent dans son cabinet dans un état déjà trop grave. La médecine de ville se trouve souvent au début de la chaîne, sous-équipée, sans protection."

Médecin généraliste, je suis désarmée face aux patients en détresse…

Article de Libération avec l'accord de l'interviewé

C’est l’histoire d’un homme de 35 ans qui se réveille un matin d’épidémie de Covid-19 sans parvenir à trouver son souffle.

Il appelle le Samu.

On lui répond qu’il n’est pas en danger, et qu’il doit rester chez lui. Mais ses difficultés s’aggravent.

Il se précipite dans un service d’urgences débordé. Même réponse : rentrez chez vous.

En désespoir de cause, il se présente à mon cabinet médical à Pantin, accompagné de son épouse. Elle parle à sa place puisqu’il est trop essoufflé. Elle m’apprend qu’il est fébrile et tousse depuis une semaine. Elle a eu les mêmes symptômes un peu avant lui.

A l’examen, je lui trouve 93% de saturation en oxygène (trop faible), et une fréquence respiratoire à 25 (trop élevée). Son champ pulmonaire gauche est totalement envahi, et son côté droit l’est partiellement. Il est littéralement en train de s’étouffer.

J’appelle donc le Samu pour demander un véhicule.

Un confrère au bout du fil comprend l’urgence de la situation. Mais aucune ambulance n’est disponible.

C’est finalement une voiture de la Croix-Rouge qui se présente, une heure et demie après mon appel, sans brancard ni fauteuil. Personne n’ayant de protection adéquate, mon patient, incapable de respirer, doit se débrouiller seul pour monter dans le véhicule.

Par la suite, j’ai appelé sa compagne régulièrement. Son état s’est dégradé, on l’a plongé en coma artificiel, intubé et ventilé. Son pronostic vital est engagé.

Combien de médecins de ville pourraient aujourd’hui raconter une histoire similaire ?

Combien de patients en détresse appelant à l’aide ?

Combien de vies gâchées ?

Depuis ce patient, une idée m’obsède : il aurait suffi d’un test pour que sa compagne soit diagnostiquée positive au Sars-CoV2. Il aurait alors suffi d’un masque pour que cet homme soit protégé.

Un test et un masque.

Une stratégie catastrophique

Mais depuis des semaines nous n’en avons pas.

Pourquoi ?

Pris de court, face à cette épidémie, notre gouvernement ne propose qu’une réponse curative. Il a fermé des services hospitaliers pour ouvrir des lits d’hospitalisation Covid-19 et des lits de réanimation. Une fois en réanimation, les patients «passent le cap», ou pas…

Cette stratégie a été choisie au détriment d’une stratégie préventive qui aurait plutôt consisté à prendre le problème dès le premier maillon de la chaîne, comme le recommandait l’OMS.

Il aurait fallu fournir des masques à la population et dépister systématiquement les personnes symptomatiques.

Dès lors, seuls les malades auraient été confinés, et non l’ensemble de la population. Cependant l’Etat persiste à vouloir traiter le problème en bout de chaîne.

Tout se passe comme si la contagion était inévitable.

Quand les patients arrivent à l’hôpital, il est hélas déjà tard, bien souvent trop tard.

Or la médecine de ville se trouve au début de cette chaîne, médicalement désarmée, sous-équipée, sans protection.

La situation est bien sûr dramatique pour tous les niveaux de notre système médical.

Mais dans nos cabinets, nous sommes les moins protégés.

Nous n’avons pas de lunettes, pas de charlotte, pas de blouse, pas de surblouse.

Chaque professionnel de santé se voit délivrer trois masques par jour, et il n’y a rien pour les autres soignants, internes, externes, secrétaire d’accueil, ni même pour nos patients suspectés d’être atteints du Covid-19. En plus de nous mettre en danger, ce manque d’équipement a une conséquence sanitaire probable : la propagation du virus.

En effet, les soignants de ville sont appelés au domicile des malades les plus fragiles présentant de nombreuses comorbidités, et donc potentiellement les plus à risque de contracter une pneumopathie grave au Sars-CoV2.

Nous sommes pris entre deux feux.

Poursuivre les soins délivrés au lit des malades les plus fragiles ou rompre le suivi pour mieux les protéger d’une infection potentiellement mortelle ? Notre mission, depuis Hippocrate, se fonde sur un principe : /«primum non nocere»/(d’abord ne pas nuire).

Mais qui peut nous dire aujourd’hui ce qu’il faut faire pour ne pas nuire ?

a Repenser notre système de soins

La stratégie qui consiste à traiter une épidémie par une méthode curative signale la faillite de notre système de soins.

Des décennies de rigueur budgétaire ont préparé la submersion que nous vivons aujourd’hui. Mais pas seulement.

C’est toute la logique de l’édifice médical qui doit être redéfinie.

A commencer par la place que nous donnons à la prévention dans notre système de soins.

Dans les études de médecine, la place de la prévention et de l’épidémiologie représente à peine 3% du programme des enseignements.

Si la prévention est négligée, c’est qu’à l’inverse du curatif, elle ne se mesure pas de manière mécanique. Elle est difficilement quantifiable. Dans un système de tarification à l’acte, on peut calculer le nombre de médicaments ou d’opérations. La prévention est plus subtile, elle résiste à la logique technocratique.

Or une part majeure de notre mission en médecine de ville repose sur la prévention. Elle implique la prise en charge d’un patient dans toutes les dimensions de son être, et non comme une liste de paramètres.

 

open="false" title=" Coronavirus: y a t'il un pilote dans l'avion ?"

Le coup de gueule de Jacques Battistoni, Philippe Houdart et Denis Lemasson dans le journal "Le Monde" du sept avril 2020

L'article dans son intégralité est disponible ici en PDF

open="false" title=" Inquiétude pour les EHPAD"

Dans ce billet, Philippe Marissal, médecin généraliste, médecin coordonnateur, trésorier du SNGIE, président de la FSP attire notre attention sur le sort de nos aînés

Chères consœurs, chers confrères, médecins généralistes traitants et médecins coordonnateurs

Nous vivons tous une période difficile avec cette épidémie de coronavirus mais nous possédons encore cette plasticité neuronale qui nous permet une adaptation, une réactivité à cette agression.

Nos anciens, tant à domicile qu’en EHPAD, n’ont plu tout à fait cette capacité d’adaptation, se laissent gagner par une morosité, voir une tristesse. Ils ont besoin de nous.

Nous sommes donc appelés sur le terrain à nous entendre tant médecins traitants que médecins coordonnateurs et ceci pour le bien-être de nos aînés, à ne pas déshabiter ces lieux de vie que sont les EHPAD, plus souvent hébergement obligé que choisi.

Profitons de cet épisode pour nous parler, nous rencontrer (pas physiquement bien sûr) afin d’apporter la bonne réponse au bon moment.

Nous subissons actuellement des injonctions paradoxales, venant de nos plus hautes autorités, nous imposant de nous occuper de nos anciens mais surtout de ne pas aller les voir tant à domicile qu’en EHPAD.

Nous sommes les seuls à pouvoir répondre, en notre âme et conscience, à cette demande d’accompagnement : « j’y vais ou j’y vais pas. »

Nos ainés font partie de cette génération qui fait une confiance quasi aveugle à la parole du médecin.

Ils ont des questions, des angoisses, concourant à un éventuel syndrome de glissement ; nous avons des réponses humaines, humbles et honnêtes (les 3 H qui me guident tous les jours) à leur apporter.

Pendant l’épidémie, la maladie ne fait pas de pause et les pathologies tant aigues que chroniques continuent leur vie propre.

Ne rajoutons pas des sur risques en ne nous occupant pas de ce qui était notre quotidien avant cette épidémie.

Alors innovons, inventons de nouvelles façons de prise en charge afin de garder le lien avec nos ainés : téléconsultation… les besoins sont toujours là, sachons déroger à la sacro-sainte règle de la non visite si nous l’estimons nécessaire.

Au moment où nos anciens, confinés, souffrent en plus d’isolement, au moment où certains professionnels de santé se retirent du soin, ne veulent plus se rendre en EHPAD par peur de la contagion, peur que nous comprenons, alors restons humains, professionnels et, en notre âme et conscience, faisons les bons choix.

Ce choix peut être celui de notre présence médicale, chaleureuse auprès de nos ainés.

Nous connaissons les mesures barrières donc n’abandonnons pas nos anciens tant à domicile qu’en EHPAD. Ne rajoutons pas de la tristesse, de la dépression au confinement.

Mon discours dénote peut être des discours habituels en ces temps d’épidémie mais je suis médecin de l’homme avant d’être petit soldat sans armes.

open="false" title=" La médecine générale doit prendre toute sa place dans le déconfinement !"

Depuis des semaines je vis comme vous : CORONAVIRUS

 

  • Des patients qui sont terrifiés par cette maladie qu’ils ne comprennent pas et qu’ils apprennent à connaitre à travers  les médias qui jouent de l’anxiété générée pour faire de l’audience,
  • Des « confrères » qui restent confinés dans leur cabinet à observer le vide de leur salle d’attente mais qui ne se sentent pas spécialement investis dans une mission d’intérêt public,
  • Des collectivités territoriales soucieuses et en attente d’action de la part de l’état (ARS, préfet) mais  aussi de la part des médecins de terrain,
  • Des professionnels de santé (kiné, idel, SF, pharmaciens…) qui sont désemparés de ne plus travailler et qui se sentent lâchés par ce système libéral, par leurs ordres et l’état.
     

Le terme, c’est bien…le « corps » médical ? où est-il le corps ? dans quel état ? disloqué , enterré ?

Fabien fustige l’ARS, moi je pose la question de ce qui fait le lien entre les médecins ? Ce n’est  en tous les cas pas le conseil de l’ordre qui n’ai  capable de distribuer qu’un nombre ridicule de masque alors qu’on a besoin d’équipement de cosmonaute !!! et qui n’est pas « foutu » de mettre les médecins en ordre de marche pour faire face à une crise sanitaire majeure.  L’ARS ? très attentiste, désemparée, encore dans l’attente des projets hypothétiques de CPTS conduits par des médecins surchargés de travail, désorganisés parce que mal aidés par des instances qui ne croient pas en eux(CPAM). Les URPS ? ben ? pas vraiment là  ou pas en capacité d’être efficientes.
Franchement j’ai l’impression de vivre au moyen-âge. Heureusement que non, sinon « ils » m’auraient déjà brulée !!!et heureusement que COVID est plus sympa qu’EBOLA sinon les trottoirs seraient jonchés de morts.


Je salue le syndicat MGFRANCE qui tient le cap dans cette tempête, je me sens accompagnée même si je suis un peu seule sur le terrain avec des patients qui comptent sur moi et des collègues professionnels de santé aussi.

Cette crise pour l’instant révèle l’absence de cohérence du système libéral avec des généralistes qui ne s’organisent pas forcément, des spécialistes qui ne savent pas s’organiser, des professionnels de santé qui se sentent inutiles. Quel gâchis !!
Par contre cette crise va et doit permettre l’émergence des CPTS qui représente le seul avenir possible de la médecine générale face à l’omniprésence envahissante de l’hôpital.

Ces CPTS seront plus réactives que n’importe quelle autre structure médicale, plus que des MSP ou des MMG.
Cette crise qui rend criante l’insuffisance et la fragilité évidente de notre système de santé, qui démontre notre asservissement total à un système économique ultralibéral,   révèle par contre l’absolu pouvoir de la communication internet (réseau sociaux pour rester en lien avec la famille, les amis, les confrères….) et fait découvrir à beaucoup d’entre nous l’intérêt de la télémédecine. Mais là encore il faut rester cohérent. La TC doit rester un outil utilisé par le  médecin traitant dans l’intérêt de son patient. Enfin les consultations téléphoniques qu’on pratiquent depuis toujours vont être payées !!!! Merveilleux. Mais si le « coup » de téléphone est payé 25 euros en TP quid de la consultation présentielle (sérieusement). On va laisser ce marché aux entreprises de TC ? et nous on continuera à payer notre matériel, nos employés, notre loyer pour 25 euros …..Est ce que la CPAM a calculé ce que ces TC ont coûté par rapport aux consultations présentiels dans un centre COVID par exemple.

J’en arrive aux centres COVID qui auraient dû être présents partout sur le territoire comme étant la structure libérale organisée par les MG avec l’aide logistique des communautés territoriales.

De cette façon elle répondait de façon parfaitement adaptée pour les cas COVID  non urgents à l’organisation hospitalière des urgences vitales COVID. Les collectivités, les patients étaient les premiers demandeurs d’une prise en charge collective. Au lieu de cela beaucoup de médecins n’ont pas estimé utile une telle prise en charge et les ARS ont souvent été très défiantes vis-à-vis des MG et des professionnels de santé qui souhaitaient s’organiser.

Je pense que la MG peut reprendre toute sa place dans le déconfinement aidée en cela par les IDE Kiné….qui sont prêts à suivre les médecins généralistes. Notre place est dans l’organisation des tests selon le diagnostic porté, le suivi des patients atteints, dans la gestion de l’éducation des patients  et cela sur un temps qui peut être long et difficile à assumer seul dans son cabinet. Les centres COVID sont des lieux adaptés qui peuvent permettre un déroulement harmonieux de ce déconfinement avec  la présence d’équipe de soignants performant.

COMMENT PEUT ON ATTENDRE DE LA RECONNAISSANCE QUAND ON SE DEFILE ?
 

Françoise GUILLEMOT

9 rue Ampère

01200 BELLEGARDE SUR VALSERINE

open="false" title=" Aller au delà des critiques et réformer !"


Nous regardons des programmes, entendons et lisons des critiques plus ou moins dures sur la gestion de la situation sanitaire actuelle. Elles sont fondées. Mais ne portent-elles pas sur la partie émergée de l’iceberg ?

Les manques de masques, de tests, de tel ou tel matériel sont les résultats de nos errances.

Notre système de santé et de soins, menace de ne pas faire face. Nos concitoyens ne l’interpellent pas. Ils n’interpellent pas les soignants. Ils savent que comme eux ils sont victimes (de première ligne) mais victimes. Pour l’instant ils ne pointent pas les véritables responsables et véritables responsabilités. Nous n’avons peut-être pas envie de le faire. Ne serait-ce pas remettre en cause nos attitudes, nos modes de vie, qui si nous les déplorons, les subissons, nous nous en accommodons aussi d’une certaine façon.

Nous ne pouvons être prêts à toutes et à n’importe quelle crise. Celle qui vient n’est jamais, par définition, celle que l’on avait prévue, sinon ce ne serait pas une crise. Critiquer l’État sur ces points est d’une certaine manière injuste, ou du moins manque les vraies cibles à nos critiques. Cela n’exonère pas nos États pour autant. La critique doit atteindre les bonnes cibles après avoir identifié les causes pertinentes.
Ces critiques profondes nous concernent aussi chacun et c’est peut-être pour cela que nous préférons les tourner contre un État en partie bouc émissaire. Il est notre produit dérivé, et incarne ce que nous refusons de voir.


1 / Adaptabilité.
Nos sociétés manquent d’adaptabilité.
Notre fonctionnement est rigide. Il est complexe. Nous sommes en partie responsables d’une complexification que nous pourrions essayer et avons le devoir de minimiser.

Celle-ci dépend de la gouvernance verticale, hypercentralisée. En même temps que la chaîne de réaction s’allonge, le citoyen est déresponsabilisé. Il prend au sérieux et au mot la puissance de l’État qui l’a habitué à tout attendre de lui, puisque cet État s’est voulu tout puissant. Lors de la crise le même État demande au citoyen une autonomie physique comme psychique qu’il a contribué depuis longtemps à réduire.
Elle dépend aussi de la conception fonctionnelle « filiarisée » en spécialités, toujours plus poussée de notre système de santé et de soins. Elle est en partie inévitable du fait des progrès scientifiques qui entraînent la naissance de sous spécialités.
Un socle de pratiques généralistes atténuerait cette situation, s’il était organisé, augmenté dans ses compétences, reconnu dans ses missions, communicant efficacement avec les ressources d’amont et d’aval.

2 / Le scientisme triomphant.

Une philosophie mécaniste (l’homme est cette machine que l’on répare, que l’on bricole même, comme dans la chirurgie bariatrique, esthétique, plastique, manipulatrice des gènes etc….) est toujours à l’œuvre. Nous « objectalisons » l’humain.

3 / Définir un périmètre d’autonomie.

Relocaliser.
Le partage des rôles économiques et productifs dans le monde a aussi ses limites, et ses inconvénients, ou en tout cas ses risques. La perte d’autonomie par une dépendance économique comporte ses dangers, voire constitue des armes qui peuvent se retourner contre nous. Cela peut être à l’état de chantage à peine voilé.
Ne pas maîtriser la recherche, la fabrication de médicaments essentiels, les moyens de fabrication d’objets indispensables, les moyens de communication indépendants (ou dépendant de nous) peut devenir coupable. Abandonner à d’autres, certains secteurs de la vie, sans avoir créé une unité et des règles politiques (gouvernement du monde, ce qui est utopique, mais au moins l’Europe pour ce qui est plus proche de nous, plus partagé en théorie…) nous met en danger.


4 / Prévention.
Notre façon de favoriser les soins, versus la prévention, d’accepter de créer des maladies (ou dans augmenter incidence et prévalence) sous prétexte que nous les soignons mieux (quand ce n’est pas pour offrir des marchés et des débouchés consciemment ou pas à nos activités productives…) est périlleux.

5 / Environnement.
Les crises sont avant tout environnementales, au sens le plus large.
En fait nous entendons, voyons, lisons des critiques acerbes de nos gouvernants, mais les critiques sont factuelles où elles devraient être systémiques. Nous n’éviterons pas les crises à venir avec les instruments qui les créent.
Cette crise, comme celles à venir probablement plus graves, certaines, mais imprévisibles dans leur matérialisation et dans les moyens à mobiliser et à provisionner, en vue de leur arrivée ont des causes de fond, qui appellent des évolutions beaucoup plus profondes. Les réponses ne consistent pas à stocker des moyens qui seront inadaptés, insuffisants ou obsolètes et périmés. Cette réaction de marchandisation inscrite dans notre vision du monde, loupera la cible de la protection de nos concitoyens.


Évoluer dans les domaines :
Politiques
Aller vers plus d’autonomie du citoyen par l’éducation, par des transferts de pouvoir en proximité, par exemple, en territoire, en dehors qu’un usage dévoyé du mot…
Faire l’Europe. Puisque la France pour ce qui nous concerne ne peut tout faire, nous devons donner une véritable souveraineté politique à des entités plus vastes qui peuvent tout faire à leur niveau sans que l’on perde (ou moins) le contrôle sur elles. Pour ce qui concerne notre continent, il s’agit de faire l’Europe et à son niveau répondre à nos missions souveraines, indispensables à couvrir nos besoins tant en santé, en recherche, en production des biens vitaux…
Philosophiques avant tout et profondément.
Économiques : le modèle de la croissance conduit à une fuite en avant destructrice des individus et des ressources.
Environnementaux. Les désastres que nous constatons sont un résultat des trois autres points, mais permettent aussi d’envisager la nécessité de les faire évoluer dans un sens plus en harmonie avec l’humain. Le confinement c’est une expérience de bug d’un système qui montre ses limites. Devoir arrêter une machine dans laquelle nous fonctionnons habituellement c’est la reconnaissance implicite de la faillite du système qui a produit la nécessité de son confinement.

Jean Godard