N° 65 - 20 juin 2016
 

MG France en congrès : solidaires, responsables et acteurs du changement

Jean-Christophe Calmes

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"Pour être solidaire, il faut être responsable, pour être responsable il faut être acteur". Cette phrase de Jean Paul Delevoye a été prononcée au cours du 7e congrès de MG France qui s’est tenu les 10 et 11 juin à Grenoble. Elle résume ce que fut ce congrès.
Solidarité, entre les médecins généralistes d’aujourd’hui et ceux d’hier, mais aussi solidarité avec les autres acteurs de soins, et avec la population. Conscience de la nécessité de transmettre nos expériences à la nouvelle génération et défense d’un système de soins solidaire et accessible avec des médecins correctement traités.
Responsabilité dans nos propositions pour un traitement équitable de la médecine générale, pour l’amélioration de la protection sociale des médecins, pour la mise en place de plusieurs niveaux de consultation et la mise en place d’un forfait structure que MG France proposait déjà en … 2003. Mais aussi revalorisation du forfait médecin traitant et du forfait pédiatrique.
Fermeté dans la discussion avec Nicolas Revel, directeur de la CNAM, présent au congrès auquel ont participé aussi de nombreuses personnalités du monde de la santé. Le directeur de l’Assurance-maladie a profité de ce congrès pour annoncer quelques avancées concernant les médecins généralistes, notamment sur la gestion des impayés et du parcours de soins.
Acteurs. Par la mobilisation depuis 2014, la médiatisation et les manifestations, nous avons pu imposer la même valeur d’acte pour toutes les spécialités dans cette négociation. Nous avons annoncé dès 2010 la catastrophe démographique, que le CNOM confirme désormais et la nécessité d’un investissement majeur sur les soins de proximité. Nous avons mis en évidence la différence de traitement entre la médecine générale et les autres spécialités, avec un taux horaire inférieur de 78 % à la moyenne des autres spécialités.
Et aujourd’hui nous sommes à la pointe du combat dans une négociation conventionnelle dont nous savons qu’elle sera prisonnière de budgets contraints et donc forcément décevante.
Mais aussi espoir ! Espoir parce ce congrès a été celui de la jeunesse et des propositions, de l’enthousiasme et du rêve.
Les différents ateliers de notre congrès ont permis à tous d’échanger leurs visions et de dessiner l’avenir. Les médecins généralistes ont montré que malgré la crise terrible qui frappe notre métier, ils restent optimistes, créatifs et investis pour leur avenir.
Demain sera forcément meilleur. Demain sera ce que nous en ferons.
"Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve une réalité", ont été les mots de conclusion du congrès de Grenoble de Claude Leicher, citant cette phrase d’Antoine de St-Exupéry.

polsante.jpgNe pas augmenter le prix des consultations médicales ?

Bernard Pledran

Brigitte Dormont, dans son domaine, je la trouve géniale. Mais je préfère ne pas préciser de quel domaine il s’agit ! Vous savez Mme Dormont, c'est ce professeur d'économie à Paris Dauphine, directrice du Legos et membre du think tank de Terra Nova (aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est le laboratoire d'idées du PS. Vous avez bien lu, un "laboratoire d'idées" !).
Je me souviens, à l'école maternelle, on m'a dit qu'on l'appelait déjà "madame le petit bout de la lorgnette".
Elle a fait beaucoup parler d'elle au sujet de la mort annoncée de la médecine libérale. Le tiers payant, disait-elle, en créant une dépendance entre le médecin et le payeur va faire disparaître l'aspect libéral de l'exercice. Il faut vraiment avoir une vision étriquée des choses pour réduire l’exercice libéral de la médecine à son seul mode de rémunération. Passons !
Toujours avec la même technique, je prends un fait, je le monte en épingle et j'en tire une règle générale, elle vient de faire une nouvelle sortie sur : "Pourquoi il ne faut pas augmenter le prix des consultations médicales". Et elle appuie sa démonstration sur les revenus des médecins généralistes anglais et allemands.
Votre article tombe mal Mme Dormont, très mal ; il sort en même temps que l'Atlas de la démographie médicale du Conseil de l'Ordre des médecins qui démontre que la situation de la médecine générale est tellement enviable dans notre pays qu'il y a de moins en moins de médecins généralistes en exercice et que la situation va considérablement s'aggraver dans les années à venir. 25 % vont disparaître d'ici 2020 nous dit l’Ordre ! Et pourquoi Mme Dormont ? Parce que je ne sais pas qui est membre de votre laboratoire d'idées qui conseille le Premier ministre, mais il n'y a sûrement pas des gens normaux. Ceux qui dans les campagnes ou les banlieues difficiles ont vu leur médecin partir et ne pas être remplacé. Vous savez, des gens du peuple. Vous devez savoir au PS ce que cela veut dire des gens du peuple !
Il y a et il y aura de moins en moins de médecins généralistes parce que notre métier est difficile, exigeant, que son exercice devient de plus en plus complexe. Et que nous n’avons pas les moyens de l'exercer normalement.
Car, quand vous parlez de nos moyens d’exercice, et c'est en cela que je vous trouve injuste, vous comparez nos revenus, mais pas nos conditions d'exercice. Les médecins allemands ou anglais dont les revenus sont largement au-dessus des nôtres ont des collaborateurs autour d'eux, 3 ETP (équivalents temps plein) en moyenne. Quand nous sommes à 0,3 ETP. Alors que les anglais ou les allemands ont trois para-médicaux pour les aider dans leurs tâches, nous avons juste de quoi rémunérer notre femme de ménage. Comment dès lors susciter des vocations pour que les jeunes s'installent ?
Le gouvernement que vous conseillez, Mme Dormont, propose en négociation conventionnelle, d'accorder 30 000 euros aux ophtalmologues pour qu'ils embauchent un orthoptiste. Parce qu'attendre pour changer de lunettes, c'est insupportable ! Mais rien ou presque pour que les médecins généralistes de ce pays puissent avoir les moyens de s'adosser à un secrétariat convenable. Rien ou pas grand chose pour que le différentiel de revenus entre les médecins généralistes et les autres spécialistes se comble - l'écart est de 78 % en tarif horaire - et que l'on retrouve un peu d'équité dans les professions médicales.
Nous avons Mme Dormont un merveilleux système de santé, avec des dizaines de milliers de professionnels dévoués. Continuez à les mépriser comme vous le faites. Continuez à vivre sur une autre planète.
Mais ne confondez pas économie de la santé et santé de vos économies !

profession.jpgA-t-on encore besoin de médecins  généralistes ?

Isabelle Leclair

La CNAM se dit prête à débloquer 30 000 euros par ophtalmologiste pour les inciter à recruter un orthoptiste salarié. "Le coût du recrutement sera amorti à l’issue du contrat grâce à l’augmentation d’activité du cabinet". Ainsi, pour que nos confrères ophtalmologistes gagnent plus, la CNAM va leur octroyer une prime à l’embauche !

Au-delà de ce constat surréaliste, la CNAM demande parallèlement à nos confrères médecins généralistes d’être de plus en plus performants… en ne leur donnant rien. Alors même que MG France réclame depuis des années un "forfait structure" pour installer un secrétariat digne de ce nom dans chaque cabinet médical et permettre aux médecins de dégager du temps médical.
Que ferait un médecin généraliste de 30 000 euros ? Il recruterait une secrétaire pour l’aider à traiter les tracas administratifs quotidiens responsables de tant de burn out chez nos confrères. Il dégagerait ainsi du temps pour se consacrer à son patient. Il ne serait pas coupé par le téléphone pendant les consultations. Il pourrait travailler avec une infirmière diplômée formée à l’éducation thérapeutique des patients pour améliorer la prise en charge de ses patients atteints de pathologies chroniques.
Mais non. J’oubliais. Les médecins généralistes ne servent à rien et vont bientôt être remplacés. C’est ce que nous explique récent sondage IPSOS commandé par les Laboratoires Internationaux de Recherche (LIR), un think tank des "big pharma" installées en France :

"Les Français se disent prêts :

  • à accepter de donner accès à leur dossier médical à des scientifiques pour faire avancer la recherche, (73 %),
  • à ne plus aller directement chez le médecin et à privilégier un échange téléphonique ou internet (73 %),
  • à avoir recours plus souvent à l’automédication (71 %),
  • à accepter que le pharmacien substitue au médicament princeps un générique chaque fois que cela est possible (70%),
  • à participer à des protocoles scientifiques d’étude des personnes qui souffrent des mêmes problèmes qu’eux (62 %),
  • à être soignés par leur pharmacien pour des problèmes de santé bénins (61%).

Ils se montrent aussi favorables à la délégation de certains actes médicaux simples pour désengorger les cabinets médicaux : qu’ils soient réalisés par des infirmiers (77%), des opticiens (63%) ou des pharmaciens (55%)."

Il n’a pas été demandé aux Français s’ils étaient prêts à se passer de leur médecin généraliste traitant ! Vous savez, ce médecin traitant si inutile que nos hommes politiques révent d'obliger à s’installer là où ils ont fermé la Poste et les écoles publiques !


(1) "Elections présidentielles 2017 : les attentes de réforme du système de santé exprimées par les Français", Ipsos pour le LIR

Consultation à 25 euros : la CNAM doit passer à l'acte

Florence Lapica

MG France réclame depuis des mois une consultation à 25 euros en médecine générale comme toutes les autres spécialités. L’annonce  est parue dans les médias, mais n’est toujours pas assortie de proposition concrète.

L’interdiction de la MPC qui permet à toutes les spécialités sauf la médecine générale de coter la consultation à 25 euros, constitue un manque à gagner énorme pour notre spécialité. Les  internes en médecine générale ne comprennent pas  cette discrimination, alors qu’ils accomplissent exactement le même cursus universitaire que leurs confrères des autres spécialités
Cette inéquité dure depuis trop longtemps et doit cesser. Il semblerait que même les décideurs politiques aient du mal à justifier cette différence de traitement. Mais alors qu’attendent-ils pour passer à l’acte ? De leur côté, les généralistes sont excédés de subir cette discrimination tarifaire qui  prive chaque médecin de près de 9 000 euros de recettes annuelles.
Cette cotation de la MPC, qui porterait la consultation à  25 euros est un dû. Elle doit bien évidemment être associée à d’autres revalorisations qui permettraient enfin une rémunération équivalente aux autres spécialités, et à la hauteur de ce que nous effectuons au quotidien.
L’ensemble du travail effectué dans nos cabinets est la prise en charge la plus efficiente pour la population. Malgré l’ensemble des discours favorables au "virage ambulatoire", malgré les rapports successifs qui mettent en avant les bénéfices d’un parcours de soins organisé et revalorisé, qui passerait par le médecin traitant, rien ne bouge. Le directeur de la CNAM s’est dit sensible au sujet. Il est temps de passer aux actes !

Rémunération aux forfaits : le prix du virage ambulatoire

Jean-Christophe Nogrette

MG France a été le premier syndicat médical représentatif à remettre en cause la charte de la médecine libérale de 1927 qui faisait du paiement à l’acte un dogme intouchable. Des syndicalistes médicaux ont des années durant brocardé MG France sur les rémunérations forfaitaires qui iraient à l’encontre de statut libéral, et assureraient la mainmise des CPAM sur notre exercice.

Forfait signifie "abandon avant le début de l’épreuve sportive". Nous avonss commencé en mars dernier en négociation conventionnelle qui pourrait aller jusqu’à fin juillet. Pour les syndicats médicaux, c’est une rude épreuve. Il faut connaître les dossiers techniques sur le bout des doigts, garder les idées claires après des heures de discussions, recevoir des coups et en donner. Mais sans les syndicalistes pour faire le travail, chaque médecin irait tour à tour négocier pied à pied avec le directeur de sa CPAM et les délégués régionaux des principales mutuelles ! Mais ce n’est pas notre propos.
Le forfait est surtout une rémunération contractuelle fixée indépendamment de la quantité produite. Oui justement, à côté des actes dont les médecins généralistes libéraux fixent seuls le nombre, du moins en théorie, il y a désormais des rémunérations qui dépendent de notre patientèle et pas ou peu de notre volume d’actes. Est-ce intelligent ?
Est-il normal ou pas de rémunérer le travail que nous faisons en dehors de la présence du malade ?
Mettre de l’ordre dans son dossier et s’apercevoir au passage que ce nodule thyroïdien n’a pas été contrôlé depuis trois ans en échographie ! Ou rédiger un certificat en vue d’une mise sous tutelle.
Est-il intelligent de rémunérer les tâches “longitudinales” - vaccination, dépistage, prévention, interventions brèves contre tabac, alcool, sédentarité etc. - que nous assumions auparavant gratuitement auprès de nos patients fidèles ?
Est-il intelligent de différencier la rémunération selon que les actes sont plus ou moins faciles ? Qui examine un bébé et donne toutes les explications nécessaires à ses parents en 15 minutes chrono ? Ou prend en charge un vieillard fragile et maladroit, qui met déjà 5 minutes à se dévêtir ?
C’est là qu’on arrive au point sensible de cette négociation. Certains proposent des “consultations différenciées” de plus en plus chères selon la difficulté. A MG France, nous, nous préférons le forfait : élevé pour les petits, quand les parents nous choisissent comme médecin traitant de ce nourrisson. Un peu moins cher quand bébé a grandi. Et à nouveau plus cher pour les ados (vous connaissez la consultation de 3/4 d’heure pour la première contraception)
Un forfait moins élevé pour les jeunes adultes, mais plus cher pour le suivi de la femme enceinte. Un autre forfait encore, plus élevé quand l’âge avance et que les pathologies s’accumulent.
Je n’ai pas proposé de montants. On verra bien si, à la table des négociations, il sera question de revaloriser intelligemment les rémunérations des médecins généralistes traitants. Pour engager un vrai "virage ambulatoire", MG France a demandé 1,5 milliard d’euros. C’est le prix à payer pour une médecine générale efficace et de qualité. Aux responsables politiques de prendre désormais leurs responsabilités.

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Accessibilité du cabinet médical : êtes-vous à jour de vos obligations légales ? Que savez vous des dérogations, des procédures à suivre, des formulaires à remplir ? Pour faire le point sur ce dossier difficile, n'hésitez pas à consulter le site de MG France

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72 millions d'euros : c'est la somme accordée par l'Assurance-maladie aux médecins généralistes libéraux en 2015 au titre de l'organisation du cabinet médical dans le cadre de la ROSP, soit 1 534 euros par tête. Pour égaler la somme prévue par la CNAM pour les ophtalmologistes, il faudrait débloquer 1,41 milliard d'euros pour les généralistes au titre d'un "forfait structure". "Quelle que soit l'hypothèse retenue, la future convention pourrait poser les bases de ce nouveau mode de rémunération", nous dit la CNAM. Affaire à suivre.


 

 

 

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