Le coût de la … survie augmente.

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Oui, les traitements dont nous disposons progressent.
Mais leurs prix explosent !

Un peu d’épidémiologie de maladies redoutables, mortelles, pour nous mettre les neurones en éveil :

- On compte 400 000 nouveaux cas de cancer par an en France.
Cancers fort heureusement de mieux en mieux soignés puisque la mortalité par cancer est limitée à 150 000 décès par an. C’est toujours trop, mais on progresse.

- Il y aurait 350 000 patients atteints par le virus de l’hépatite C, 230 000 diagnostiqués, presque tous en phase d’hépatite chronique, la maladie initiale étant rarement symptômatique et rarement fulminante… 4 000 nouveaux cas par an, maladie mortelle.
Mais l’hépatite C est devenue la seule maladie virale qu’on peut guérir !

 

Ces bonnes nouvelles, confrontons-les aux données financières. C’est intéressant.

 

En 2000, le coût total du traitement des cancers était en France de 15 milliards d’euros. Les médicaments représentaient 1 milliard dans cette enveloppe.
En 2016, l’enveloppe à augmenté à 16,5 milliards soit + 9 % mais les médicaments ont explosé à 3,5 milliards soit + 250 %, une augmentation qui sème le doute …


Au passage, cela signifie aussi que les soins non médicamenteux on couté un milliard de moins, avec plus de malades ... ????, rappelez-vous de cela à la fin de l'article ...
 

D’autant qu’en virologie on est dans les mêmes ordres de prix pour une guérison puisque le laboratoire qui fabrique le sofosbuvir exigeait au départ 72 000 € pour le traitement de 3 mois, généreusement ramené à 40 000 €, soit une marge brute énorme rapportée au coût de fabrication qui est de l’ordre de 75 €…. On obtient 90 % de guérison de l’hépatite chronique C avec ça, certes. Mais tout de même …

 

L’industrie pharmaceutique, savante, sérieuse et respectable est devenue BigPharma.
Pourquoi ? Entrées en bourse, rachats, “groupes de taille mondiale permettant d’assurer la R&D et les parts de marchés”… Les “majors” de BigPharma annoncent toutes des bénéfices nets consolidés à plus de 10 milliards d’euros annuels avec des chiffres d’affaires de l’ordre de grandeur de 50 milliards. Une rentabilité qui fait rêver les autres industries.
BigPharma travaille à notre bien-être et à notre santé et gagne sa vie, c’est normal.

 

Mais BigPharma met nos vies à prix.

BigPharma est en train de faire sauter la banque, c’est à dire nos systèmes de protection sociale, qui s’essoufflent partout face à de tels prix, exorbitants.

Traiter une leucémie avec du Glivec, qui en a considérablement amélioré le pronostic ?
"Je vous la fais à quarante mille euros par an, la leucémie, ma bonne dame !"

BigPharma n’est pas une industrie citoyenne mais une machine à cash.

 

Normal , direz-vous, on est en économie libérale.
Mais maintenant la soutenabilité de nos régimes de protection sociale est remise en cause.
C’est donc nos affaires, notre problème.
En tant que soignants, si souvent critiqués pour le caractère dispendieux de leurs prescriptions, cela appelle de notre part une remarque : ce n’est pas nous qui fixons les prix. Et il semblerait même que nous soyons capables d'économiser.
Il serait grand temps que les pouvoirs politiques de tous les pays s’unissent pour limiter cette vertigineuse folie de BigPharma.
À notre niveau nous ne pouvons que dénoncer cette aberration.

 

JC Nogrette - MG dans le Limousin