N° 51 - 08 octobre 2015
 

ONDAM 2016 : comment se répartit le gâteau ?

Bernard Pledran

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L’ONDAM, Objectif National de Dépenses de l’Assurance-Maladie, ce n’est pas qu’un truc d’énarque, de technocrate. C’est un dispositif clé qui, sous prétexte de verrouiller l’évolution des dépenses, entretient le marasme de la médecine générale et nous prépare des lendemains difficiles. Comment ça marche ?

Prenons une famille avec trois beaux adolescents qu’il faut nourrir comme il faut.
On leur donne un gâteau, déjà amputé par d’autres, qu’ils doivent se répartir. L’ainé, un solide gaillard, s’appelle Etablissement de santé. Il mange à lui seul presque les deux tiers du gâteau qui lui est présenté. Les deux autres, les jumeaux, se répartissent le reste. Le premier, Spéspé, est aussi un vorace. Il se sert en premier et avale plus des 2/3 restants. Son frère, SpéMG ne peut prendre que les miettes.

Tous les ans il faut augmenter la taille du gâteau. Pour rester simple, disons de 5 %. Si la première année le gâteau mis à disposition pèse 100 grammes, au bout de cinq ans, en appliquant cette règle, il va en peser 128. Il est intéressant de noter que l’écart entre Spéspé et SpéMG qui était de 13 g au départ est de 18 g à l’arrivée. Et je ne m’étends pas sur la part de l’autre goinfre Etablissement de santé. Si cela continue ainsi, Spéspé va devenir obèse, alors que SpéMG va devenir anémique et souffreteux. Peut-être même qu’à force, il pourrait mourir. Mais tout le monde s’en fout, personne ne l’aime. Il est râleur et fait des choses que n’importe qui croit possible de faire à sa place.

C’est ça l’ONDAM ! On décrète un pourcentage d’augmentation de dépenses et on ne s’occupe pas de ce qui se passe à l’intérieur. Et si Etablissement de santé bouffe encore plus que sa part, ce n’est pas grave les autres n’auront qu’à se serrer un peu plus la ceinture. Ceci dit, dans la « vraie vie » ce n’est pas tout à fait aussi simple que ça. Mais si vous avez compris ce mécanisme, vous avez bien avancé.

Ainsi, tant que les pouvoirs publics ne décideront pas qu’un pourcentage conséquent de l’évolution des dépenses doit être fléché vers la médecine générale, l’écart entre nous et les autres spécialités continuera à se creuser avec les conséquences dont tout le monde commence à prendre conscience. Perte d’attractivité d’un métier essentiel à la population, désertification des quartiers et des campagnes.
Mais pas d’inquiétude, nos ministres et notre président continueront à se faire soigner au Val-de-Grâce.

L51politiquesante.jpgPLFSS : une escroquerie intellectuelle

Jean-Christophe Nogrette

Le gouvernement vient de présenter le Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS 2016) qui sera prochainement débattu au Parlement. Le déficit de l’Assurance-maladie, une des branches de la Sécurité Sociale, est évidemment ciblé. Il diminue pourtant depuis 3 ans.

Plus important encore à noter pour nous, l’Objectif National de Dépenses d’Assurance Maladie (ONDAM) pour les soins de ville est sous exécuté depuis 2 ans (on ne l’a pas dépensé en totalité) et il le sera encore cette année.
Comme dans les pires entreprises privées, nous avons tenu les objectifs et … on nous les durcit encore dans ce PLFSS 2016, en réduisant notre ONDAM ville à 1,75 % au lieu de 2,2% l’an passé.
On trouve des dizaines de milliards pour alléger les charges des entreprises, mais pour ce qui est du “virage ambulatoire”, la grande idée-farce* de la loi de santé : il n'y a rien !
Parmi les mesures de financement de ce virage ambulatoire au rabais, on note surtout :

  • la développement de la chirurgie ambulatoire : zéro moyen pour les soins de ville absorbent la surcharge de travail induite.
  • la réduction des inadéquations hospitalières (traduisez fermetures d’hôpitaux de proximité qui sont en fait le prolongement des soins primaires dans les territoires ruraux).
  • 400 millions d’économies sur le médicament,
  • 350 millions d’économies sur la maitrise médicalisée hors médicament,
  • Et 125 millions d’économie par “baisse de tarifs des professions de santé”, on se demande sur qui ça va tomber ?

Au total : pas un sou pour la médecine de ville alors qu’on parle de “virage ambulatoire. Cherchez l'erreur ! C’est la sortie de route. Madame la ministre, votre virage est loupé !
C’est de l’escroquerie intellectuelle.
À l’heure où nous fêtons les 70 ans de la Sécurité Sociale, ce gouvernement n’a rien à proposer et ce PLFSS 2016 le montre bien hélas.
Aucune avancée, aucune idée nouvelle ! Ah, si, une : l’instauration d’un « régime maladie universel ». Le patient qui déménage d’un département à l’autre ou un étudiant qui devient salarié ne devrait plus avoir à refaire son dossier. Et peut-être même, si tout va bien, que son médecin traitant n’aurait plus besoin de refaire sa déclaration MT...
Une bonne idée, que nous lui avons suggérée, serait la mise en place d’une exonération du ticket modérateur pour les actes du médecin traitant. Et ainsi la prise en charge facilitée des soins de premier recours.
Voila une réforme qui aurait du souffle pour fêter dignement cet anniversaire de la “sécu”. Mais du souffle, la ministre en a-t-elle encore ?

 

* idée farce : ce n’est pas une faute de frappe !
 

L51profession.jpgFilière universitaire de médecine générale : où sont les promesses ?

Teddy Bourdet

Depuis 2004 et la création du DES de médecine générale, notre spécialité oeuvre pour construire une filière universitaire à la hauteur des enjeux de la formation de nos jeunes confrères. Grâce au militantisme de médecins généralistes, les premières nominations de professeurs de médecine générale sont intervenues dans les années 2000. Depuis 2009 et la loi HPST, les promesses de nominations ne sont toujours pas tenues !

L’accession de la médecine générale à une sous-section au conseil des universités l’an dernier n’est pas suffisante pour notre discipline. En 2009, la loi HPST (article 47), prévoyait la création d’un nombre minimal de postes d'enseignants de médecine générale, chaque année pendant 4 ans : 50 chefs de cliniques universitaires-MG, 30 maitres de conférence des universités-MG et 20 praticiens universitaires-MG. Avec nomination des 10 premiers PU-MG titulaires par la voie de l’intégration.
Aujourd’hui, les départs en retraite des premiers enseignants nommés sont à peine compensés par les nominations.
Ce n’est que par le surinvestissement des enseignants et des internes (ratio enseignants/étudiants dix fois moindre que pour les autres spécialités) que le système tient et que les jeunes médecins généralistes réussissent à se former correctement !
Madame la ministre, Mesdames et Messieurs les élus, quand traiterez vous la médecine générale comme toutes les autres spécialités ? Nous faisons aujourd’hui beaucoup avec le peu que vous nous octroyez. Imaginez les capacités de notre spécialité à prendre en charge, avec un rapport cout/efficacité inégalable, la plupart des maux de nos concitoyens et à organiser le système de santé si seulement vous considériez la médecine générale comme elle doit l’être !

 

L51metier.jpge-santé / e-médecine : un virage à ne pas rater

Isabelle Leclair

La médecine numérique avance à une vitesse « haut-débit » et le médecin généraliste d’aujourd’hui qui est aussi celui de demain ne peut oublier d’en tenir compte.
La « e médecine » est regroupée en France dans ce qu’on appelle historiquement la télémédecine, à bien distinguer de la « médecine pour la télé », même si cela y ressemble parfois.

 

Un vaste fourre-tout allant de la consultation téléphonique à l’usage de capteurs de données connectés.

Nos assurances vont devoir s’adapter à cette « big » problématique.
Les actes de télémédecine vont aller crescendo. La médecine libérale devra s’imposer dans ce domaine encore neuf, en posant rapidement le cadre : juridique - médical et éthique.
Et la rémunération dans tout ça ? C'est simple : rien n’est prévu !
A nous d’avoir un coup d’avance, d’innover et de proposer avant de devoir disposer.

L51pratique.jpgUne nomenclature accessible trop peu utilisée (1)

Florence Lapica

Une nomenclature accessible aux spécialistes en médecine générale existe. Elle nécessite des revalorisations et des actes spécifiques supplémentaires. Mais malgré ses imperfections elle mérite d’être plus souvent utilisée.
Revue des actes les plus souvent réalisés mais trop peu cotés. Nous commençons avec quelques actes fréquents trop souvent oubliés. Notre prochaine lettre poursuivra avec d'autres actes.

 

Vous avez des compétences en pédiatrie, n’oubliez pas de les valoriser !
* Dépistage des troubles visuels et auditifs de l'enfant. Une cotation utile en médecine générale pour le dépistage des troubles auditifs de l'enfant via le " Sensory Baby Test" qui se présente sous forme d'une mallette (qui permet aussi de dépister certains troubles moteurs et auditifs). Coter CDRP002 = 40,23 € (non cumulable avec le C, à ne pas coter après 3 ans !)
* Echelle de Hamilton : ALQP003= 69.12 euros, cette cotation ne peut être utilisée qu’une seule fois par an.
* Strapping du genou : NFMP001 + M = 41,80 + 26,88= 68,68 euros, M est le coefficient d'urgence au cabinet
* Strapping de la cheville : NGMP001 + M = 20,90+26,88 soit 47,78 euros, M= coefficient d'urgence
* Cotation de l'ECG au premier janvier 2015 : Cs +DEPQ003= 23+14.26 = 37.26 euros
* Cotation du frottis : C(S) + JKHD001 / 2 =23 + 6.23 = 29.23 euros
Si un patient vous a été adressé par un confrère (y compris l'un de vos associés) si vous n'êtes pas son médecin traitant, avec un courrier de demande d'avis et une réponse de votre part, et si vous ne le revoyez pas dans les 4 mois, vous pouvez coter : C2 + JKHD001 / 2 + 9 + X = 51.77 €

A suivre !
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Etat des lieux de la médecine générale :

Une enquête au coeur de la médecine générale, de ses acteurs et actrices, qui explique pourquoi et comment il est possible de dévisser sa plaque sous la pression de l'assurance-maladie. A lire sur Généraliste en France.

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L'ONDAM réduit à 1,75 %

Le projet de loi de financement de la Sécu dit : "L'effort de maîtrise des dépenses d'assurance-maladie est poursuivi, à travers la fixation d'un objectif national de dépenses d’assurance-maladie ambitieux à 1,75 % pour 2016. » Soit 177,9 milliards d’euros.


 

 

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