n°39 - 01 avril 2015

 
N° 39 - 01 avril 2015

 

2 euros ou la force d'un symbole

Bernard Plédran

Singulière profession que la nôtre. Comment exiger du gouvernement et de l’Assurance-maladie qu’ils réajustent la valeur de notre consultation au même niveau que celle de toutes les autres spécialités ? Les généralistes doivent-ils appliquer par eux-mêmes cette hausse de 2 euros, qui n’est qu’une simple mesure d’équité ? Ce qui semblera une majoration ridicule pour quelques uns est ressenti comme une transgression des valeurs de MG France par d’autres.
 
Mais le débat n’est pas là. Oui les généralistes français ont une rémunération 30 % inférieure à ceux de leurs confrères européens. Et 2 euros de plus sur le tarif de notre consultation dans ce contexte, c’est bien peu. Et c’est parce que MG France n’a pas oublié ses fondamentaux qu’il impose cette mesure de justice. Le seul et premier syndicat de généralistes prend acte de l’autisme de nos gouvernants et de l’assurance maladie, de leur incapacité à ouvrir les yeux sur la situation de notre profession, sur le manque d’attractivité de plus en plus criant du métier de généraliste, qui fait que les jeunes s’en détournent. Une désaffection qui pourrait nous mener prochainement à une véritable catastrophe sanitaire.
 
Ce qui compte dans cette transgression tarifaire, ce n’est pas son montant, c’est son symbole ! 
Non, nous ne voulons pas pénaliser les patients ; nous voulons que, demain, ils aient toujours un généraliste pour les soigner.
Non, nous n’augmentons pas nos tarifs. Nous appliquons une majoration inventée par les syndicats de spécialistes (CSMF et SML) pour toutes les spécialités médicales, sauf pour la médecine générale.
Non, nous n’acceptons plus le mépris des gouvernants pour la santé de nos concitoyens. Depuis toujours, on trouve les milliards nécessaires pour soigner le secteur hospitalier déjà hypertrophique, mais il n’y a pas d’argent pour la médecine de ville et ses millions de patients et encore moins pour la médecine générale.
Ces 2 euros sur mes actes, je vais demander à mes patients d’aller les réclamer à leur maire, à leur conseiller départemental, à leur député ! 
Ces 2 euros, c’est le début du commencement des moyens dont la médecine générale a besoin pour prendre son « virage ambulatoire », avec plus de moyens humains dans nos cabinets, plus de ressources pour investir et offrir à nos patients les services qu’ils sont en droit d’attendre d’une médecine libérale moderne.
Ces 2 euros, c’est un peu de fierté retrouvée ; car franchement, j’en ai assez d’entendre mes patients me dire et me répéter régulièrement : « Ah, bon, c’est toujours 23 euros ? Mais depuis combien de temps n’avez-vous pas été augmentés ? »
 

Rapport sur la médecine générale : aux parlementaires de s'en saisir ?

Teddy Bourdet

Depuis 2004, les rapports ministériels s'accumulent. Ils ont été associés à divers noms - Bertrand, Vallancien, Hubert ou encore Cordier -, qui ont planché sur la démographie médicale, les soins de proximité ou la stratégie nationale de santé. A la suite du mouvement de protestation des médecins généralistes, Mme Touraine a commandé au Pr. Pierre Louis Druais (photo), généraliste en exercice et président du collège de la médecine générale, un nouveau rapport, sur la place et le rôle de la médecine générale dans le système de santé. Les solutions et recommandations proposées sont d'un fort niveau de preuve, à l'image de ce qui se fait dans les pays qui ont choisi de bâtir leur système de santé sur les soins primaires. Les parlementaires seraient bien inspirés de tenir compte de ces recommandations.
 
Ce rapport, structurant pour notre discipline, valide les orientations nécessaires à notre système de santé pour répondre à la crise démographique et aux enjeux de la santé de la population du 21ème siècle. 
Après avoir rappelé les missions et les compétences des médecins généralistes, telles que définies par les textes en vigueur, le Pr. Druais démontre que la première ligne de soins doit prendre en charge le plus grand nombre de personnes pour des affections médicales moins complexes, avec un plateau technique moins lourd et des coûts réduits. Cette première ligne de soins doit aussi, sauf exception, orienter et réguler vers les deuxième et troisième recours.  Les médecins généralistes, spécialistes de la prise en charge globale du patient dans son cadre de vie, sont les plus à même d'assumer ces fonctions de première ligne. 
 
Force est de constater que ce rapport réclame le véritable « virage ambulatoire » réclamé. En plus de l'investissement sur la formation initiale, la recherche et la formation continue, ce rapport préconise l'amélioration de la protection sociale des consœurs généralistes, notamment pour leur maternité, mais aussi la diversification des modes de rémunérations. 
Deux niveaux de rémunération sont recommandés. D'abord, la rémunération de la fonction soignante du médecin généraliste (rémunération juste des actes, forfait médecin traitant, rémunération sur objectifs de santé publique validés par le collège de médecine générale, rémunération du travail en équipe). Ensuite, la rémunération du coût de la pratique, avec forfait structure modulé, paiement du personnel d'accueil, des systèmes informatiques, de l'immobilier et des ressources humaines (ex: gestion des droits des patients).
 
MG France ne dirait pas mieux ! Voilà un véritable programme – assorti de 12 recommandations - pour une politique de santé cohérente ! Un plan pour investir sur les soins primaires au moment où les députés débutent l'examen du projet de loi de santé. Ajouter un amendement et un chapitre entier sur la médecine générale constituerait un socle bien plus structurant que le tiers payant. Car instaurer la dispense d’avance de frais sans réfléchir à pérenniser les acteurs de santé censés la pratiquer serait incongru, pour ne pas dire idiot. 
Mesdames et messieurs les parlementaires, du courage, suivez les recommandations étayées de ce rapport! Et si le changement pour notre de système de santé c'était vraiment maintenant?  
 

Médicament : corruption dans la technostructure

Jean-Christophe Nogrette

La presse d’investigation, à l’instar de Mediapart, est devenue rare et c’est pour cela qu’elle nous est chère. Encore plus quand, elle dénonce l’opacité - soyons très prudents - dans laquelle les pouvoirs publics gèrent le médicament en France. Retour sur une affaire qui est relative à des révélations sur les liens d'affaires entre d'éminents membres des agences du médicament et les laboratoires pharmaceutiques.
Nous avons à plusieurs reprises, dans cette lettre, dénoncé l’opacité régnant dans le monde du médicament, les prises de décisions concernant les autorisations de mise sur le marché ou l’admission au remboursement par l’Assurance-maladie, la détermination du service médical rendu ou encore la fixation des prix.
Avec le récent article de Mediapart, il ne s’agit plus de pointer les nombreuses incohérences et anomalies que nous relevons tous dans notre pratique quotidienne à propos du médicament. Il s’agit peut-être de les expliquer. 
 
De hauts fonctionnaires, des professeurs de médecine ou de pharmacie, sont soupçonnés d’avoir touché de sonnants et trébuchants subsides de la part des industries pharmaceutiques, industries dont ils avaient pour mission de contrôler les travaux et productions… dans l’intérêt de la santé publique et des comptes de la nation. L’affaire vient d’entraîner la Haute Autorité de Santé à mener « les investigations nécessaires à l’établissement de la vérité sur l’ensemble des faits relatés, dont certains sont antérieurs à la création de la HAS en 2005 ». 
 
Corruption ou simple conflit d’intérêt, on voit bien que la Santé publique et les comptes publics n’ont peut-être pas été si bien défendus. Et par ceux-là même qui ne manquent jamais de fustiger l’incompétence ou l’incurie des prescripteurs que nous sommes. 
Pour pallier ladite incompétence, ils prennent des mesures de « prescription réservée » (à l’élite de la neurologie comme pour le clonazepam ) ou réglementée (par les ordinateurs de la CNAM comme pour la rosuvastatine…). 
 
Quand on regarde le budget “médicament” de l’Assurance-maladie, dans un réflexe pavlovien, tout le monde crie Haro sur le médecin généraliste qui prescrirait jusqu’à plus soif les merveilleux comprimés à de vilains malades jamais rassasiés. Avec une France en tête du Hit-parade des consommateurs de médicaments, une image resservie trop souvent à un public crédule. Quand on étudie les choses en termes d’unités de prise prescrites, curieusement, nous ne sommes plus que dans la moyenne européenne…
 
Nous avons ainsi d’un côté, des médecins généralistes qui prescrivent, pour la plupart, fort raisonnablement ce qu’il convient pour soigner leurs patients. Et de l’autre, une élite auto-proclamée qui maintient en France une politique du médicament parfois bien curieuse et, en tout cas, bien plus chère qu’ailleurs. Si cette élite, en plus, “met les doigts dans la confiture”, voilà qui ne va pas nous calmer !
Enfin, pour enquêter sur ces révélations de Mediapart la ministre de la Santé a réagi : elle a ordonné à … la HAS d’enquêter sur la … HAS.  Navrant !

Elections à la CARMF : trois bonnes raisons d'aller voter

Florence Lapica

Vous allez recevoir le matériel  de vote pour élire les délégués CARMF de votre département. Ceux-ci éliront l’administrateur de votre région, qui siégera au conseil d’administration de la CARMF. Aussi est-il important que chaque généraliste aille voter, en particulier pour la liste "Défense ASV, Retraite secteur 1,  Protection sociale renforcée". Explications.
 
1-Votez pour sauvegarder l’ASV !  Les syndicats MG France et CSMF ont sauvé la part ASV  de votre retraite lors des négociations conventionnelles de 2012.  L’ASV est un avantage conventionnel : en contrepartie du sacrifice financier consenti par les médecins qui acceptent d’appliquer des tarifs conventionnels opposables. Les caisses maladie paient les deux tiers de la cotisation ASV.  
 
L’ASV représente presque 40 % de notre retraite. C’est le placement le plus rentable des médecins du secteur 1. C’est un acquis conventionnel majeur. Or, le président actuel de la CARMF et le syndicat FMF œuvrent pour le fermer.  Pour nous médecins secteur 1, la défense de l’ASV est essentielle. 
 
2-Votez pour améliorer la protection en cas de maladie ou de maternité !  La protection sociale des médecins généralistes secteur 1, qui ont un revenu souvent plus faible que les autres médecins, est insuffisante. Les trois classes de cotisation sont injustes : les très gros revenus de la classe C cotisent seulement 200 euros de plus par an, mais ils bénéficient d’une indemnité journalière deux fois plus importante que les médecins de la classe A, souvent généralistes.   Il faut rétablir l’équité !
 
3- Votez pour mettre fin aux discriminations entre affiliés ! La CARMF se comporte comme un assureur privé pour les pathologies antérieures à l’affiliation. Si le médecin présente une pathologie antérieure à son affiliation, il ne bénéficie pas d’Indemnités Journalières à taux plein avant 6 ans ! Les administrateurs MG France ont demandé l’abandon de ces dispositions, mais la majorité du conseil d’administration l’a refusé.  On ne peut pas exigez de cotisation obligatoire pour une protection aléatoire ! 
 
Il s’agit donc de trois bonnes raisons d’aller voter !
 
Comment Voter ?  Il suffit de remplir le bulletin de vote et le renvoyer immédiatement afin de ne pas l’oublier…Et surtout pensez à signer l’enveloppe « poste » (pas l’enveloppe  « vote ») si non le vote sera refusé.
     
Si vous voulez décider de votre avenir, défendre la retraite et la protection sociale des médecins secteur 1, votez pour les candidats qui se présentent avec le slogan : "Défense ASV, Retraite secteur 1,  Protection sociale renforcée" !
 

Pas de vaccination sans coordination par le généraliste!

Isabelle Leclair

Le ministère de la santé a été capable de nous entendre sur ce point. L’article sur la vaccination dans les pharmacies, inscrit dans le projet de loi de modernisation de la santé a été supprimé. Les infirmières et sage-femmes suivent le mouvement.
Comme il n’y a qu’un chef d’orchestre à la fois, un seul professionnel de santé organise les soins primaires : le médecin généraliste.
Je ne peux cependant m’empêcher de ressentir une petite pointe d’amertume à cette victoire.
Le ministère de la Santé nous détourne de nos objectifs, en nous faisant dépenser beaucoup d’énergie et de temps pour reconstruire ce qui est détruit en dépit du bon sens.
Pendant ce temps là, nous ne récupérons pas, ou difficilement, le Cs, alors que le médecin généraliste est un spécialiste comme les autres médecins.
Pourquoi ne pas à notre tour détourner l’attention de la ministre de la Santé en lançant des propositions :
- une secrétaire par médecin détachée de la caisse de sécurité sociale, en compensation du travail d’informatisation que nous faisons à leur place. Un mi-temps serait acceptable.
- un VSL de fonction pour les visites à domicile, pris en charge par la caisse de sécurité sociale  et anti-PV bien évidemment.
- une ligne spéciale médecins pour un accès direct, privilégié et aimable dans les hôpitaux publiques, les mutuelles, la sécurité sociale …..
- du matériel informatique avec logiciels intégrés agréés CPAM fournis et mis à jour annuellement.
- pour les futures jeunes confrères un garde du corps si elles sont installées dans les cités à risque
- un Cs régulé selon l’inflation et l’augmentation des charges dues aux dépenses publiques. 
Je laisse votre imagination faire le reste.
 
 

Formation par OG-DPC : nouveauté

Florence Lapica

A partir du 1er avril, et jusqu’au 30 juin, les médecins bénéficient de la réouverture des  droits à la formation. Le financement de l’Organisme de Gestion du  Développement Professionnel Continu (OG-DPC) permet finalement de faire le même nombre formation qu’en 2014, avec une enveloppe de 3700.00 euros par médecin. L’OG-DPC reste un organisme toujours très compliqué !
 
En résumé, vous pouvez faire 2x2 jours de formations ou équivalents . 
Si vous participez à d’autres types de formations, rapprochez-vous de votre responsable MG FORM local. Il vous donnera les combinaisons possibles.
 
A ces formations habituelles, s’ajoutent, les formations de MSU, une formation de formateurs et une formation interprofessionnelle, qui sont hors quota. Ainsi qu’une formation PAERPA si vous êtes sur un territoire test.
Tout cela n’est cependant pas suffisant : les médecins généralistes doivent bénéficier de leurs 8 jours de formation annuelle. Continuons !
 

www.france-aga.expert-infos.com

9,7 millions de personnes sont en Affection de longue durée (ALD) fin 2013. Les dépenses imputables aux soins prodigués aux assurés en ALD constituent le premier poste des dépenses remboursées par l'assurance-maladie. En 2010, elles s'élèvent à quelque 100 milliards d'euros, soit 63% des  dépenses totales de la branche maladie, selon la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAMTS).

 
 
 
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