6ème Congrès MG France: près de 500 médecins généralistes, jeunes et moins jeunes, se sont retrouvés à Marseille...

Le syndicat des généralistes MG France a tenu son 6ème Congrès annuel à Marseille les 22 et 23 novembre 2013. La manifestation, pour laquelle la ministre de la Santé a fait le déplacement, a rassemblé quelque 500 généralistes sur les deux journées. Ces derniers ont, par la voix de Claude Leicher, président de MG France, fait savoir à Marisol Touraine quelles étaient leurs attentes face à la Stratégie nationale de Santé présentée par le gouvernement en septembre dernier. A Marseille, du côté des médecins, le compte n'y était pas vraiment.

La salle était pleine et les rangs serrés vendredi 23 novembre au moment de l'arrivée de la ministre de la santé. Les adhérents et sympathisants du premier syndicat de généralistes de France, fondé en 1986, n'entendaient pas bouder leur plaisir. Les jeunes et futurs médecins, venus nombreux pour la circonstance, étaient impatients de connaître les principales mesures que Mme Marisol Touraine entend prendre l'an prochain, dans la continuité de celles déjà annoncées en septembre lors de la présentation de sa Stratégie nationale de santé (SNS), à la définition de laquelle deux personnalités présentes à Marseille ont travaillé en 2013 (1). "La population a tranché. Le médecin traitant est un spécialiste en médecine générale. Cette spécialité est présente devant vous : jeunes, futurs ou plus anciens, les médecins généralistes sont plus décidés que jamais à être entendus et reconnus. Ils veulent obtenir les moyens d’exercer un des plus beaux métiers de la santé, mais un métier difficile et à risque élevé", a lancé le président de MG France à la ministre

en introduction à ses propos. Pour ce dernier, la traduction budgétaire de la stratégie du gouvernement pour la santé n'est pas à la hauteur des ambitions annoncées. Le Projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS) pour 2014 n'a en effet retenu qu'une enveloppe de 20 millions d'euros pour le développement des nouveaux modes de rémunération (15 nouveaux sites prévus) et la télémédecine. "Trop minimaliste", dira le président de MG France en invitant la ministre à rappeler aux gestionnaires du budget de la Nation "qu'un système de santé organisé autour des soins primaires est plus efficace, moins coûteux et plus accessible qu’un système de santé anarchique, complexe, et non organisé." En un mot, qu'il est urgent d'investir dans la médecine de proximité.

Vers la loi de Santé publiqueClaude Leicher au Congrès de MG France à Marseille

"Des mesures et des décisions vont être prises qui doivent nous permettre d’anticiper sur ce que nous attendons", a répondu Marisol Touraine. "Certains vont chercher à s’opposer, ou en tout cas à jouer de l’immobilisme, qu’ils soient ou non revêtus des oripeaux de certains volatiles" a poursuivi cette dernière en faisant allusion à l'opposition des "pigeons" (de l'UFML) à la stratégie du gouvernement. "Ne nous arrêtons pas à celles et ceux qui aujourd’hui voudraient nous faire miroiter les avantages ou les intérêts de la médecine d’hier ", a-t-elle ajouté.

Pour l'avenir, la ministre a souligné que 30 projets, identifiés à l'issue des travaux du rapport Cordier et des apports des "sages", ont été lancés. "Chacun d’entre eux disposera d’un référent et d’un responsable, a ajouté Mme Touraine. Ils sont d’ores et déjà désignés. Ces projets, vous les connaissez : ils vont de la réorganisation des vigilances sanitaires jusqu’à la promotion d’effectifs pluri professionnels." L'ensemble des travaux sera coordonné par Pierre-Louis Bras, secrétaire général du ministère des Affaires sociales et de la Santé, dont la mission est de veiller à la cohérence stratégique des missions menées par l’Etat, mais aussi par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), dont le directeur, Frédéric Van Roeckeghem était également présent à Marseille. Si la mobilisation est bel et bien décrétée au plan national, elle l'est également au plan local, avec des Agences régionales de Santé (ARS) récemment invitées à lancer des débats sur leur territoire. Leur restitution se fera en avril prochain et servira à préparer les contours de la future loi de Santé publique qui sera présenté "avant la fin du premier semestre 2014".

Des rémunérations à la traîne

Claude Leicher, président de MG France" Pour l’heure, pour le généraliste, c’est 57 heures de travail par semaine, plus les gardes et la régulation. C’est 27 € net de l’heure ", a souligné Claude Leicher, pour bien marquer les attentes des généralistes sur le terrain. "C’est l’impossibilité de s’installer en centre urbain, d’y créer les structures regroupées, alors que notre profession veut évoluer, se moderniser, se regrouper. La médecine générale, c’est la spécialité à moins 30 % des revenus des autres spécialités, et à plus 30 % de temps de travail. C’est la spécialité à moins 30 % des revenus des autres généralistes européens", a martelé le président de MG France. "La transformation de notre organisation de santé s’impose, lui a répondu Marisol Touraine. Vous y avez fait référence. Nul ne peut aujourd’hui ignorer les contraintes financières, et elles sont fortes." "La contrainte financière n’est pas ce qui guide la stratégie nationale de santé, a cependant plaidé la ministre. Mais cette contrainte est réelle et nous devons en avoir collectivement conscience, si nous ne voulons pas faire moins bien, nous devons faire autrement. Et faire autrement, c’est faire du choix du premier recours le choix autour duquel s’articule notre système de santé." Un propos qui, à l'évidence, ne pouvait que satisfaire l'auditoire. Pour peu que des moyens nouveaux soient dégagés pour consolider ce "choix" dans la réalité.

"Il faut donc investir dans les soins de santé primaire, comme l’ont fait les pays qui dépensent 2 points de PIB de moins que nous pour leur système de santé", a renchéri Claude Leicher, en invitant la ministre de la Santé à se saisir de deux dossiers clés : celui de la rémunération de la consultation des généralistes, une spécialité "privée de la consultation à 25 euros, qui est la règle pour toutes les autres spécialités depuis l’avenant 19 signé en décembre 2006 par l’assurance maladie et deux syndicats pluri- catégoriels"; ainsi que celui du rôle clé du médecin généraliste traitant dans la prise en charge de l'enfant. "J’ai bien entendu ce que vous souhaitez concernant les enfants de moins de seize ans", a répondu Marissol Touraine, sans dire précisément comment concrétiser ce souhait ." Il nous appartiendra d’affecter des moyens pour faire en sorte que la santé des enfants s’améliore dans notre pays », a ajouté la ministre aux 500 médecins généralistes présents dans la salle, qui seront restés sur leur faim.

Un DPC mal identifié

Marisol Touraine au Congrès de MG France à Marseille le 22 nov 2013D'autres sujets d'actualité ont également été évoqué lors de cette rencontre des généralistes avec la ministre. Donc celui du DPC (développement personnel continu), victime pour l'heure d'une administration tatillonne qui ne permet pas son réel déploiement. Face à un DPC qualifié "d'objet un peu mal identifié", la ministre a indiqué qu'une mission de l'Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) était diligentée en vue des faire des propositions d'amélioration du dispositif en place. "Je souhaite que les priorités que je fixe en termes de politique de santé se retrouvent dans le cahier des charges en termes de formation" a-t-elle ajouté. Sur le thème des maisons de santé pluriprofessionnelle, la ministre a rappelé que 370 MSP fonctionnaient à ce jour en France et que plus de 420 projets nouveaux étaient recensés. Le directeur de l'Union des caisses maladies (UNCAM) a été invité à accéler les négociations conventionnelles interprofessionnelles sur les rémunérations en équipe. "Après les années consacrées à l’expérimentation, je veux que 2014 soit l’année de la généralisation", a-t-elle noté. Une année - électorale - qui promet d'être celle des promesses, dont on sait ce qu'elle deviennent en général.

Un tiers payant en un seul flux

Le tiers payant, un sujet qui fait fortement polémique dans les rangs des praticiens libéraux, s'est également invité à la tribune du congrès. "Vous proposez le 1/3 payant généralisé, a rappelé Claude Leicher. Mais nous ne le ferons pas dans les conditions actuelles, complexes, inefficaces, coûteuses en temps et énergie perdue.Nous voulons un tiers payant en un seul flux, avec 100 % du montant", a précisé le président de MG France. Charge aux régimes obligatoire et complémentaires (RO et RC) de se débrouiller entre eux. "Il ne faut pas trois ans pour cela, a lancé ce dernier à la ministre. Il faut simplement une volonté, un ordre politique. La MSA a mis en œuvre Noémie 3 avec une avance de frais de 100% et se débrouille ensuite avec les RC : c’est opérationnel. La CMUc fonctionne entre RO et RC, c’est opérationnel aussi ! ".

"La généralisation du tiers payant d’ici 2017 participe de mon combat pour l’accès aux soins de tous", lui a répondu la ministre. "2014 doit permettre le tiers payant pour les bénéficiaires de l’aide à la complémentaire santé." Soulignant que le dispositif à venir devait être simple et concerner les régimes obligatoires et complémentaires, sous une forme qui reste à déterminer." Marisol Touraine a également fait savoir que sa préférence n'allait pas à la carte bleue, une solution récemment préconisée par la CSMF comme une "alternative libérale".

Une détermination sans failleCongrès de MG France

" La médecine générale est bien une spécialité d’avenir, a conclu la ministre de la Santé. C’est grâce à vous, grâce à votre proximité avec les Français que nous réussirons cette révolution du premier recours que j’appelle de mes vœux. C’est grâce à vous aussi que nous ferons reculer les inégalités de santé qui traversent trop fortement notre pays. MG France est à l’évidence un partenaire privilégié. Nous partageons les mêmes convictions et les mêmes objectifs, l’accès aux soins et la volonté de faire du premier recours le socle de la réorganisation de notre système de santé."

"Comptez aussi sur notre détermination, lui a répondu Claude Leicher. Nous sommes là depuis 1986. Nous serons présents et bien présents dans les années qui viennent." Mais, ce soutien attendu ne sera pas sans conditions, notamment au regard de ce qu'attendent désormais les généralistes, toutes générations confondues : "Les élections municipales seront un formidable haut parleur de nos propositions, mais aussi de nos critiques, si votre administration s’évertue à engluer cette réforme que vous portez", a aussi averti le président de MG France. Un message qu'a parfaitement reçu la ministre.

J-J C

[Photos : ® Louis Cargil]

 

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