Le Front des Généralistes lance un avertissement à Marisol Touraine

Réuni à l'initiative de MG France le 26 novembre à Paris, le Front Généraliste, qui rassemble l'ISNAR-IMG, RéAGJIR, le SNJMG, le SNEMG, la Fédération Nationale des Centres de santé  la FMF (1) et MG France, a dressé un état des lieux de la médecine générale à la veille du mouvement national de contestation qui se prépare pour le 23 décembre. Le mécontentement est largement partagé dans les rangs de la communauté des généralistes.

Réuni une première fois le 19 novembre pour dresser un rapide état des lieux de la situation sanitaire du pays en général et de celle de la médecine générale en particulier, le Front Généraliste s'est retrouvé mercredi 26 novembre face à la presse pour lancer un avertissement sans équivoque au gouvernement et à la ministre de la Santé. Le projet de loi de Santé, tel qu'il sera présenté au Parlement en début 2015, … n'est pas acceptable, estiment les membres du front, en raison notamment, de la place inacceptable faite à la médecine générale et aux soins primaires dans le projet.

"Aujourd'hui, force est de constater et de dénoncer le décalage qui existe entre les grandes orientations de la Stratégie nationale de santé (SNS) présentée en septembre 2013 et le contenu du projet de loi, tel qu'il a été présenté en octobre dernier", a lancé Pierre-Antoine Moinard, président de l'ISNAR-IMG qui rassemble les internes en médecine générale. La jeune génération de futurs médecins généralistes ne retrouve pas dans le projet de loi l'impulsion qu'il faut donner aux soins primaires, ni la place et les moyens qu'il faut donner aux médecins traitants généralistes. "La concertation et le dialogue social n'ont pas été au rendez-vous", plaide encore le représentant des internes qui déplore que l'Intersyndicale des jeunes médecins en formation n'ait pas été conviée à apporter sa contribution à la future loi. "La première nécessité est celle d'une formation de qualité pour les généralistes qui seront demain amenés à prendre en charge la santé de leurs concitoyens", ajoute ce dernier. Reste que pour l'heure, les comptes n'y sont pas : les internes en médecine générale ne disposent que d'un enseignant pour 100 étudiants, contre un pour 10 dans les autres filières de spécialités. Conséquence de cette sous dotation, depuis 10 ans le nombre d'internes en médecine générale diminue. "On forme moins de médecins généralistes, faute d'enseignants en nombre suffisant", ajoute le jeune président. Une analyse que partage Jacques-Olivier Dauberton, président de RéAGJIR, pour qui la filière de médecine générale doit être mieux dotée, en enseignants comme en postes de médecine générale. Deuxième conséquence du marasme ambiant, les jeunes internes en formation déplorent dans leurs structures syndicales respectives, de ne pouvoir bénéficier que d'un seul stage dans le cadre de leur formation de futur généraliste. Trop peu et trop court pour se préparer à affronter la complexité du métier sur le terrain, plaident ces derniers. "Dans sa traduction, le conte de fée s'est vite terminé", commente à ce sujet Matthieu Calafiore, président du SNEMG, "alors que la mesure avait été promise à son arrivée par la ministre de la Santé. Nous sommes donc loin du compte !"

Mensonge et trahison

Du côté des jeunes médecins installés, le ton est aussi ferme contre la politique suivie par la ministre de la Santé. "La trahison et le mensonge ont atteint des niveaux insupportables", s'insurge Théo Combes (photo), président du SNJMG. "Ce projet de loi organise la marginalisation de la profession et accentue la discrimination entre médecins", ajoute ce dernier. "En 2004, la médecine générale est devenue une spécialité à part entière et devait être traitée à égalité avec les autres. Elle devrait bénéficier du  tarif de base de tous les spécialistes et de la majoration provisoire pour acte clinique (MPC). En 2014, nous n'y sommes pas et nous assistons de surcroît au fiasco du développement professionnel continu (DPC)". Soit autant de raisons, qui jointes à d'autres, ont entraîné le syndicat des jeunes médecins à participer aux journées d'action du 23 décembre et du 6 janvier, date pour laquelle le SNJMG appelle ses jeunes confrères à faire grève. "Par ces manifestations nous appelons Marisol Touraine à prendre conscience de son erreur."

Revoir la gouvernance de la santé

"Les médecins généralistes ne disposent pas des outils et d'une organisation qui permette une évolution vers un système de santé adapté aux besoins sanitaires de notre population", commente de son côté Richard Lopez (photo), président de la Fédération des Centres de santé. "Nous avons eu des espoirs avec la Stratégie nationale de santé qui devait donner des réponses à la hauteur des enjeux d'une médecine moderne. Nous observons aujourd'hui qu'il n'existe plus d'élan pour une refondation des soins primaires en France, qui sont toujours et encore assujettis à la bonne volonté des organisations intervenant en deuxième ligne. Cette dernière a bloqué les évolutions nécessaires de notre système de santé et entrainé un divorce profond qui ne permet pas que les soins primaires soient autonomes et majeurs". Pour le président des centres de santé, la gouvernance actuelle de la santé est à revoir, avec en particulier une refondation du pilotage conventionnel.

Une densité de MG en baisse de 11 %

Pour Claude Bronner (photo), président de la FMF - Union Généraliste , le tiers payant "obligatoire" annoncé par la ministre de la Santé est le facteur qui cristallise tous les mécontentements des médecins libéraux. "Le gouvernement n'a pas voulu l'entendre", plaide celui qui confie par ailleurs réaliser 90 % de ses actes de généraliste en tiers payant. "Il faut revoir les choses en profondeur. La loi de Santé ne passera pas. Les médecins ne laisseront pas faire !", ajoute encore le généraliste alsacien. Pour ce dernier, "la FMF s'associera à tous les mots d'ordre et le 23 décembre sera un grand jour de mobilisation. Quelles que soient les consignes syndicales, les médecins vont fermer massivement", pronostique ce dernier, qui remercie Marisol Touraine d'avoir réussi à mobiliser les médecins sur le terrain. Reste que "le vrai boulot est devant nous", ajoute le président des généralistes de la FMF, confiant également que "cela va être difficile ».

"Le problème c'est la médecine générale", précise le président de MG France, qui invite les généralistes à ne pas se tromper de combat. "Il n'y aura pas de détournement de la colère de la médecine générale". "Avec ou sans la loi de Santé, la médecine générale va mal et continuera d'aller mal". Car la densité des médecins généralistes de pleine activité a baissé de 11 % depuis 2005. "Comment gouverner un système de santé avec une telle densité", questionne Claude Leicher (photo), ), qui estime que "la situation actuelle est de la responsabilité pleine et entière de Marisol Touraine". "Les médecins généralistes ne veulent plus d'un C à un tarif différent de l'acte de spécialité, qui est à 25 euros. De même la valeur de la visite doit se situer à 56 euros. Quant au tiers payant, nous ne voulons pas d'obligation, ni de pénalisation financière ni de surcharge administrative pour son recouvrement". Pour le président de MG France, il ne saurait davantage être question d'assister au dépeçage de la médecine générale : "Nous irons jusqu'à boycotter les pharmaciens qui veulent faire notre travail". "Nous voulons dire à tous les médecins généralistes que nous soutenons l'ensemble des médecins qui se mobiliserons en fin d'année. Nous fermerons nos cabinets le 23 décembre et le 6 janvier, date d'anniversaire de la dernière augmentation du Cs à 23 euros, qui a eu lieu en 2011. Au delà du 6 janvier, nous poursuivrons les actions jusqu'à ce que le gouvernement fasse le nécessaire !"

 JJC

(1) INSNAR-IMG ou InterSyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale, qui représente près de 6 000 internes de médecine générale, fédère les associations et syndicats d’internes de médecine générale de 23 villes - ReAGJIR fédère les généralistes remplaçants, les jeunes collaborateurs ou installés, y compris salariés, et les Chefs de Clinique de médecine générale - Le SNJMG est le syndicat national des jeunes médecins généralistes, qui accueille les étudiants et internes en médecine générale, les remplaçants, les collaborateurs et les jeunes installés - Le SNEMG ou Syndicat National des Enseignants de Médecine Générale regroupe les médecins enseignants de médecine générale - l'UG-FMF est la branche généraliste de la Fédération des Médecins de France, syndicat pluricatégoriel.

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